Michel Houellebecq est de retour en librairie avec un dernier recueil d’essais. Un nouvel opus de sa série « Interventions » qui détonne, en revenant sur l’euthanasie ou l’élection présidentielle américaine.
Tout au long de sa carrière d’écrivain et de penseurs, Jean-Paul Sartre a publié dans ses « Situations » des recueils de ses articles. Dix tomes auront été publiés en tout, de 1947 à 1976. Une inspiration pour Michel Houellebecq ? Avec ses « Interventions », l’écrivain français percute régulièrement l’actualité avec des articles et des tribunes au vitriol sur son époque.
Ce mercredi, un troisième tome sortira en librairie, après Interventions (149 pages, parut en 1998), Interventions 2 (285 pages, parus en 2009). Un ouvrage imprimé en seulement 14 000 exemplaires alors que Sérotonine, en janvier 2019, avait commencé par 320 000. Une ambition modeste, qui s’explique peut-être par la dimension très clivante et engagée de ce nouveau livre.
Car Michel Houellebecq défend bec et ongle ses positions iconoclastes, estimant notamment « que Donald Trump est un bon président », soulignant notamment les résultats diplomatiques de l’hôte de la Maison-Blanche. L’écrivain de « la possibilité d’une île » revient également sur le sujet de l’euthanasie, estimant que « L’affaire Vincent Lambert n’aurait pas dû avoir lieu ». Un point de vue qu’il ne justifie pas sur le terrain de la foi, étant ouvertement athée, mais « pour des raisons morales évidentes ». « Notre devoir de prendre en charge ces malades, de leur assurer les meilleures conditions de vie possible », estime-t-il. Une prise de position « de droite » qui continue avec une défense du journaliste Éric Zemmour décrit par Houellebecq comme « l’avatar contemporain le plus intéressant » des « catholiques non chrétiens » admirant l’Église sans croire en Dieu.
Dans dans « Interventions » et « Interventions 2 », l’écrivain partageait avec ses lecteurs ses réflexions acides, désabusées et parfois drôles sur la condition humaine et le monde contemporain. On se souvient notamment du chapitre intitulé « la peau de l’ours » : « La bactérie, en effet, mène une vie paisible. Empruntant à l’environnement des nutriments simples et peu variés, elle croît ; puis elle se reproduit, assez platement, par divisions successives. Les tourments et les délices de la sexualité lui restent à jamais inconnus. Tant que les conditions restent favorables, elle continue à se reproduire (…) ; ensuite, elle meurt. Aucune ambition irréfléchie ne vient ternir son parcours limité et parfait ; la bactérie n’est pas un personnage balzacien. » Ce nouvel opus sera-t-il aussi intéressant ? Réponse dans quelques jours.